LE SCEPTRE DU DEVIN. Formes et matériaux de la nature dans la tradition “magique” d’Afrique

Kuba Ndengese (2)
Sceptre Kuba/Ndengese, Congo, cm. 46, Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966, Photo by Michel Gurfinkel

C’est probablement dans le domaine de la divination et des “rites magiques” que la créativité des peuples africains trouve une synthèse entre sa culture originaire et les éléments naturels.
Ce n’est en effet pas un hasard si les artefacts propres à ces activités chamaniques sont strictement liés aux éléments naturels – soit végétaux, minéraux ou animaux – disponibles dans un contexte spécifique.
Ces objets abîmés et déformés par le hasard – pierres fluviales, bouts de lianes, racines enchevêtrées – sont en effet le support idéal pour la ‘divination’.

Liana GabonRadice Gabon
Liana et racine du Gabon

Susceptibles de capturer et retenir l’énergie nécessaire aux rituels, ces éléments naturels sont fréquents dans les outils du devin, souvent choisis aussi en fonction du lieux où ils ont été découverts ou du traitement pour lequel ils seront utilisés.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures élaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boîtes, bouteilles). Cornes fourrées de matières hétéroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissables, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été capturés et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui détermine la signification et la fonction de l’objet mais ce qu’il cache à l’intérieur, ce qu’il contient.
S’ensuit l’effet du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18)
.

C’est donc la nature même qui fournit à la création humaine les instruments destinés à la contrôler dans ses excès, à chaque fois que les populations sont frappées par des événements hostiles et inexplicables.

C’est justement dans cet échange nature/homme/nature que le devin puise l’énergie du rituelle nécessaire à de rétablir l’équilibre lorseque celui-ci est menacé, altéré ou perturbé.
Le but poursuivi par le devin est l’ordre naturel des choses, le flux harmonieux des événements, l’harmonie menacée par des événements inexplicables rationnellement et auxquels lui seul peut remédier.

“La magie est l’arme que nous avons trouvée à l’aube des temps pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises récoltes, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent son usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bienveillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

Ces ‘produits de la nature’ font l’objet de beaucoup d’attentions et sont destinés à être soigneusement conservés en raison de leur sense précieux et caché.

Des éléments naturels comme des pierres, des morceaux de bois, de l’argile blanc prélevés sur les tombes des mfumu à makanda (les gardiens des reliques des ancêtres), restes d’animaux sacrés comme la panthère, le python ou l’éléphant, constituent pour la population des Vili du Congo, de précieux vestiges gardés dans des réceptables spéciaux au couvercle recouvert d’argile rouge incrustée. (R. Lehuard 1998, pag. 909).

Les recherches de Junod sur les rites de possession et l’exorcisme, réalisées in situ chez les Bantous de l’Afrique sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau), sont un témoignage efficace de ce lien entre nature et culture.

Grâce à la description de l’auteur, il nous semble presque de le voir ce divin Ndau :

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pièces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment noué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneaux de cuivre étaient glissés sur ses chevilles fines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la démarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voilé, souvent intérieur, surtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

De même que la cérémonie liée aux Marozwi, les esprits des ancêtres Ndau dans les villages des Barotse, sur le fleuve Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une partie du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

Et comme on l’a vu dans la description de Junod, ce ne sont pas seulement les matériaux naturels qui inspirent le devin, mais aussi les formes.

Les cannes et les bâtons recueillis par Willy Mestach en sont d’admirables exemples ( Courtesy W. Mestach, 2007).

mestach tanzania
Ituri, Congo, cm 130

Dans la plupart de ces objets, l’intervention humaine est assez limitée et se borne à respecter la forme originelle du tronc ou de la branche. Dans d’autres cas cependant, comme dans le sceptre Songye, le sculpteur réalise une véritable œuvre d’art, tout en respectant la forme originaire, en sculptant des silhouettes et en rajoutant directement sur le bois des éléments métalliques.

mestach songye
(Courtesy W. Mestach, 2007)

Parmi les Fon du Bénin, il n’est pas inhabituel de retrouver des sculptures apotropaïques dénommées Botchio, dont la racine dans la langue Fon vient de « bo » maléfice et « tchio » cadavre.

Botchio Benin
Courtesy J. Kerchache

Le Botchio joue le rôle d’une sentinelle et protège un village, un quartier, une famille, une société sécrète ou bien un individu isolé. Il est à la fois garant de l’ordre et de l’harmonie, divinité protectrice et ancestrale. Cette sculpture est souvent taillée dans la branche d’un arbre appelé « roco ». Selon la légende, le premier homme et la première femme descendirent sur terre entre les branches de cet arbre mythique. Le roco est donc lié à l’origine du monde et au couple primordial (J. Kerchache, 1996).
Dans d’autres cas, la sculpture est ornée d’objets naturels comme des coquillages, de petits potirons, des ficelles et d’autres matériaux sacrificiels, comme la sculpture illustrée ci-contre, censée protéger contre l’influence des espions (S. Preston Blier, 1996).

Fon
Fon, Benin, cm. 36,5 Private coll. Italy

Une autre sculpture ancienne et significative où l’artiste a suivi les formes naturelles du tronc de l’arbre est la figure hermaphrodite Dogon Niogom qui mesure 132 cm de hauteur, conservée au Musée du Quai Branly (M.H. 35105106). Dans ce cas-ci, le sculpteur a suivi les courbes du bois, qui se prêtaient bien à la représentation de la figure mythique de Nommo, anthropomorphe dans la partie supérieure du corps et serpent dans la partie inférieure.

Dogon Branly
Courtesy Musée du Quai Branly

Les pierres dénommées sogo témoignent également du Nommo et rentrent dans la complexe architecture cosmogonique du peuple de la falaise malienne.
Les pierres longues, de forme phallique, sont au contraire utilisées à des fins de rituels dans le sud du Gabon. De même, des pierres semblables – naturelles ou complètement sculptées – trouvent leur place dans les rituels des populations du Cross River, au Nigéria, tout comme les objets naturels récoltés par les Rukuba du centre-nord du Nigéria pour leurs rites d’initiation ou pour les autels consacrés aux rites de la terre (J.C. Muller, 1989).

Les Konso d’Ethiopie utilisent des fragments de basalte en les mettant à côté des torses sculptés dans le bois pour décorer leurs tombeaux : pierre et bois comme témoins de la présence de la nature dans les rites funéraires.

Konso cm.121
Konso, Ethiopia, cm. 121, Private coll. Italy

La figurine en fibres de raphia torsadées et noircies, appelée Unil (la personne humaine), est elle aussi liée aux rites funéraires Bassar au Togo. Cette simple figurine d’origine végétale incarne l’esprit d’une femme décédée et la représente pendant la cérémonie de ses secondes funérailles. Unil Togo

Chez les Ejagham du Cameroun, les emblèmes de la société secrète ekpe sont constitués d’un treillis en bois et en fibres végétales sur lequel sont posés os, crânes et peaux d’animaux sacrifiés, éléments végétaux, ficelles et colliers. L’ekpe rassemble à différents niveaux d’initiation les hommes ejagham et remplit des fonctions législatives et judiciaires, il s’agit d’un aggloméré d’éléments extraits de la nature, censés guider de façon symbolique l’esprit des décisions à travers la lecture des signes jalousement gardés à l’intérieur de l’ekpe.Ejaghan Camerum

Comme l’écrit Le Fur : “ il faudrait plutôt ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibles naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes. Leurs textures, leurs couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Autre exemple de la créativité artistique et de habileté d’exécution d’un sculpteur anonyme congolais du Kasai : un sceptre de devin Kuba/Ndengese, objet d’une grande puissance évocatrice et d’une remarquable qualité esthétique. (Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966)

Kuba-Ndengese3

Cet objet en bois, d’une longueur de 46 cm, est caractérisé par des coupes fermes et décidées et par une surprenante spontanéité d’exécution. Le sceptre est en effet taillé dans une branche dont il suit la forme et est coupé en trois segments. Le manche est dans le segment central, comme en témoignent l’usure du bois et sa patine plus claire, signes d’un usage rituel répété.
Une petite poche en cuir cousue autour de la branche contenait la charge magique.

Kuba Ndengese part. lat. dx

Au sommet du sceptre se trouve une silhouette probablement féminine, tandis qu’un long serpent enroulé autour de la branche appuie sa tête sur la jambe de la silhouette, tendue vers le haut. Le cou est allongé et annelé, la nuque, le dos et le ventre sont marqués par de profondes scarifications en zigzag.

Kuba Ndengese part. dorsale

La coiffure, ornée par une calotte en forme de losange, est également creusée par des motifs géométriques.

Decorazione capo

Les bras de la silhouette sont repliés sur le torse, un sur une épaule, l’autre sur le ventre.
Enfin, deux petits trous creusés à l’arrière sont destinés à contenir la charge magique anale.
La patine brun orangé du bois garde les traces épaisses et sombres des épanchements sacrificiels.

Sommità laterale dxSommità laterale sx

L’origine de cet objet est difficile à définir, bien que beaucoup d’éléments (scarifications, cou allongé et annelé, forme de la tête, coiffure) permettent de l’associer à la zone culturelle Kuba-Ndengese.
De plus, la présence des charges magiques semble suggérer que cet objet a été l’instrument d’un devin qui s’en servait pendant des rituels propitiatoires ou initiatiques.

Nature et culture se rencontrent dans cet artefact dans les formes naturelles du bois, le cuir animal et les éléments rituels : un unicum à la forte charge symbolique. Une sorte de « transformation alchimique » qui donne au devin ce que la nature même a produit de façon spontanée et que l’intervention de l’homme a consacré.

En ce qui concerne la signification des symboles présentés par le sceptre, on ne peut qu’exprimer des hypothèses justifiées par nos connaissances actuelles.
La position des bras de la figure silhouette n’est pas inhabituelle dans l’iconographie Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 et F. Neyt, pag. 177).

J. Cornet Ndengesecoppa Kuba
Courtesy J. Cornet et Yale University

Notamment le bras droit posé sur le ventre pourrait être vu comme le geste qui contrôle le mambu, à savoir « ce qui doit être dit » et l’intensité avec laquelle l’exprimer (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

La symbolique du serpent joint à la figure féminine est également inconnue. Elle rappelle les contenus de syncrétisme chrétien dans un objet d’inspiration shamanique/divinatoire.
Le serpent est sans doute l’animal le plus représenté dans la symbolique universelle : ancêtre mythique et donneur de vie, symbole de la guérison, animal se trouvant à la source de la vie et du désir sexuel, mais aussi craint et exorcisé en tant que représentation ancestrale de l’énergie psychique la plus profonde et inconnue (De Martino, 1973).
Chez plusieurs peuplades du Nigéria et du Congo telles que les Yoruba, Igbo, Songye et Luba, le serpent – par son absence d’articulations et par sa fluidité de mouvement – est associé aux origines primordiales, à l’eau et à la pluie, et est appelé « arc-en-ciel » pour représenter le lien entre les divinités du ciel et celles de l’eau, à leur tour liées à la fécondité. ( Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

La légende racontée par Cornet (AAN, #17,1976) est évocative : une femme Ndengese, Gunji Ilunga, après de moult péripéties, crée la société masculine « totshi », dont les membres sont caractérisés par une coiffe dénommée emat’eyeye,
da AAN # 17 agrémentée de deux appendices assimilables aux oreilles, à savoir le typique couvre-chef en raphia finement tressé à motif géométriques, qui rappelle la forme de la coiffe de la figure sur le sceptre avec le losange incrusté sur la tête.(Courtesy AAN)
Gunji Ilunga, seule femme entre plusieurs hommes. Et si c’était elle, le témoin de cette histoire, la figure au sommet du bâton ?

Difficile à dire. Ces rituels perdus sont désormais la seule trace d’un passé appartenant aux immenses territoires d’Afrique.

Il nous reste la beauté d’une forme sinueuse de la nature, une simple branche devenue objet artistique raffiné dans les mains de l’habileté créatrice d’un anonyme sculpteur de la forêt.

Kuba Ndengese (2)
Sceptre Kuba/Ndengese, Congo, cm. 46, Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966, Photo by Michel Gurfinkel

C’est probablement dans le domaine de la divination et des “rites magiques” que la créativité des peuples africains trouve une synthèse entre sa culture originaire et les éléments naturels.
Ce n’est en effet pas un hasard si les artefacts propres à ces activités chamaniques sont strictement liés aux éléments naturels – soit végétaux, minéraux ou animaux – disponibles dans un contexte spécifique.
Ces objets abîmés et déformés par le hasard – pierres fluviales, bouts de lianes, racines enchevêtrées – sont en effet le support idéal pour la ‘divination’.

Liana GabonRadice Gabon
Liana et racine du Gabon

Susceptibles de capturer et retenir l’énergie nécessaire aux rituels, ces éléments naturels sont fréquents dans les outils du devin, souvent choisis aussi en fonction du lieux où ils ont été découverts ou du traitement pour lequel ils seront utilisés.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures élaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boîtes, bouteilles). Cornes fourrées de matières hétéroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissables, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été capturés et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui détermine la signification et la fonction de l’objet mais ce qu’il cache à l’intérieur, ce qu’il contient.
S’ensuit l’effet du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18)
.

C’est donc la nature même qui fournit à la création humaine les instruments destinés à la contrôler dans ses excès, à chaque fois que les populations sont frappées par des événements hostiles et inexplicables.

C’est justement dans cet échange nature/homme/nature que le devin puise l’énergie du rituelle nécessaire à de rétablir l’équilibre lorseque celui-ci est menacé, altéré ou perturbé.
Le but poursuivi par le devin est l’ordre naturel des choses, le flux harmonieux des événements, l’harmonie menacée par des événements inexplicables rationnellement et auxquels lui seul peut remédier.

“La magie est l’arme que nous avons trouvée à l’aube des temps pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises récoltes, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent son usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bienveillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

Ces ‘produits de la nature’ font l’objet de beaucoup d’attentions et sont destinés à être soigneusement conservés en raison de leur sense précieux et caché.

Des éléments naturels comme des pierres, des morceaux de bois, de l’argile blanc prélevés sur les tombes des mfumu à makanda (les gardiens des reliques des ancêtres), restes d’animaux sacrés comme la panthère, le python ou l’éléphant, constituent pour la population des Vili du Congo, de précieux vestiges gardés dans des réceptables spéciaux au couvercle recouvert d’argile rouge incrustée. (R. Lehuard 1998, pag. 909).

Les recherches de Junod sur les rites de possession et l’exorcisme, réalisées in situ chez les Bantous de l’Afrique sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau), sont un témoignage efficace de ce lien entre nature et culture.

Grâce à la description de l’auteur, il nous semble presque de le voir ce divin Ndau :

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pièces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment noué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneaux de cuivre étaient glissés sur ses chevilles fines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la démarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voilé, souvent intérieur, surtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

De même que la cérémonie liée aux Marozwi, les esprits des ancêtres Ndau dans les villages des Barotse, sur le fleuve Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une partie du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

Et comme on l’a vu dans la description de Junod, ce ne sont pas seulement les matériaux naturels qui inspirent le devin, mais aussi les formes.

Les cannes et les bâtons recueillis par Willy Mestach en sont d’admirables exemples ( Courtesy W. Mestach, 2007).

mestach tanzania
Ituri, Congo, cm 130

Dans la plupart de ces objets, l’intervention humaine est assez limitée et se borne à respecter la forme originelle du tronc ou de la branche. Dans d’autres cas cependant, comme dans le sceptre Songye, le sculpteur réalise une véritable œuvre d’art, tout en respectant la forme originaire, en sculptant des silhouettes et en rajoutant directement sur le bois des éléments métalliques.

mestach songye
(Courtesy W. Mestach, 2007)

Parmi les Fon du Bénin, il n’est pas inhabituel de retrouver des sculptures apotropaïques dénommées Botchio, dont la racine dans la langue Fon vient de « bo » maléfice et « tchio » cadavre.

Botchio Benin
Courtesy J. Kerchache

Le Botchio joue le rôle d’une sentinelle et protège un village, un quartier, une famille, une société sécrète ou bien un individu isolé. Il est à la fois garant de l’ordre et de l’harmonie, divinité protectrice et ancestrale. Cette sculpture est souvent taillée dans la branche d’un arbre appelé « roco ». Selon la légende, le premier homme et la première femme descendirent sur terre entre les branches de cet arbre mythique. Le roco est donc lié à l’origine du monde et au couple primordial (J. Kerchache, 1996).
Dans d’autres cas, la sculpture est ornée d’objets naturels comme des coquillages, de petits potirons, des ficelles et d’autres matériaux sacrificiels, comme la sculpture illustrée ci-contre, censée protéger contre l’influence des espions (S. Preston Blier, 1996).

Fon
Fon, Benin, cm. 36,5 Private coll. Italy

Une autre sculpture ancienne et significative où l’artiste a suivi les formes naturelles du tronc de l’arbre est la figure hermaphrodite Dogon Niogom qui mesure 132 cm de hauteur, conservée au Musée du Quai Branly (M.H. 35105106). Dans ce cas-ci, le sculpteur a suivi les courbes du bois, qui se prêtaient bien à la représentation de la figure mythique de Nommo, anthropomorphe dans la partie supérieure du corps et serpent dans la partie inférieure.

Dogon Branly
Courtesy Musée du Quai Branly

Les pierres dénommées sogo témoignent également du Nommo et rentrent dans la complexe architecture cosmogonique du peuple de la falaise malienne.
Les pierres longues, de forme phallique, sont au contraire utilisées à des fins de rituels dans le sud du Gabon. De même, des pierres semblables – naturelles ou complètement sculptées – trouvent leur place dans les rituels des populations du Cross River, au Nigéria, tout comme les objets naturels récoltés par les Rukuba du centre-nord du Nigéria pour leurs rites d’initiation ou pour les autels consacrés aux rites de la terre (J.C. Muller, 1989).

Les Konso d’Ethiopie utilisent des fragments de basalte en les mettant à côté des torses sculptés dans le bois pour décorer leurs tombeaux : pierre et bois comme témoins de la présence de la nature dans les rites funéraires.

Konso cm.121
Konso, Ethiopia, cm. 121, Private coll. Italy

La figurine en fibres de raphia torsadées et noircies, appelée Unil (la personne humaine), est elle aussi liée aux rites funéraires Bassar au Togo. Cette simple figurine d’origine végétale incarne l’esprit d’une femme décédée et la représente pendant la cérémonie de ses secondes funérailles. Unil Togo

Chez les Ejagham du Cameroun, les emblèmes de la société secrète ekpe sont constitués d’un treillis en bois et en fibres végétales sur lequel sont posés os, crânes et peaux d’animaux sacrifiés, éléments végétaux, ficelles et colliers. L’ekpe rassemble à différents niveaux d’initiation les hommes ejagham et remplit des fonctions législatives et judiciaires, il s’agit d’un aggloméré d’éléments extraits de la nature, censés guider de façon symbolique l’esprit des décisions à travers la lecture des signes jalousement gardés à l’intérieur de l’ekpe.Ejaghan Camerum

Comme l’écrit Le Fur : “ il faudrait plutôt ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibles naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes. Leurs textures, leurs couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Autre exemple de la créativité artistique et de habileté d’exécution d’un sculpteur anonyme congolais du Kasai : un sceptre de devin Kuba/Ndengese, objet d’une grande puissance évocatrice et d’une remarquable qualité esthétique. (Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966)

Kuba-Ndengese3

Cet objet en bois, d’une longueur de 46 cm, est caractérisé par des coupes fermes et décidées et par une surprenante spontanéité d’exécution. Le sceptre est en effet taillé dans une branche dont il suit la forme et est coupé en trois segments. Le manche est dans le segment central, comme en témoignent l’usure du bois et sa patine plus claire, signes d’un usage rituel répété.
Une petite poche en cuir cousue autour de la branche contenait la charge magique.

Kuba Ndengese part. lat. dx

Au sommet du sceptre se trouve une silhouette probablement féminine, tandis qu’un long serpent enroulé autour de la branche appuie sa tête sur la jambe de la silhouette, tendue vers le haut. Le cou est allongé et annelé, la nuque, le dos et le ventre sont marqués par de profondes scarifications en zigzag.

Kuba Ndengese part. dorsale

La coiffure, ornée par une calotte en forme de losange, est également creusée par des motifs géométriques.

Decorazione capo

Les bras de la silhouette sont repliés sur le torse, un sur une épaule, l’autre sur le ventre.
Enfin, deux petits trous creusés à l’arrière sont destinés à contenir la charge magique anale.
La patine brun orangé du bois garde les traces épaisses et sombres des épanchements sacrificiels.

Sommità laterale dxSommità laterale sx

L’origine de cet objet est difficile à définir, bien que beaucoup d’éléments (scarifications, cou allongé et annelé, forme de la tête, coiffure) permettent de l’associer à la zone culturelle Kuba-Ndengese.
De plus, la présence des charges magiques semble suggérer que cet objet a été l’instrument d’un devin qui s’en servait pendant des rituels propitiatoires ou initiatiques.

Nature et culture se rencontrent dans cet artefact dans les formes naturelles du bois, le cuir animal et les éléments rituels : un unicum à la forte charge symbolique. Une sorte de « transformation alchimique » qui donne au devin ce que la nature même a produit de façon spontanée et que l’intervention de l’homme a consacré.

En ce qui concerne la signification des symboles présentés par le sceptre, on ne peut qu’exprimer des hypothèses justifiées par nos connaissances actuelles.
La position des bras de la figure silhouette n’est pas inhabituelle dans l’iconographie Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 et F. Neyt, pag. 177).

J. Cornet Ndengesecoppa Kuba
Courtesy J. Cornet et Yale University

Notamment le bras droit posé sur le ventre pourrait être vu comme le geste qui contrôle le mambu, à savoir « ce qui doit être dit » et l’intensité avec laquelle l’exprimer (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

La symbolique du serpent joint à la figure féminine est également inconnue. Elle rappelle les contenus de syncrétisme chrétien dans un objet d’inspiration shamanique/divinatoire.
Le serpent est sans doute l’animal le plus représenté dans la symbolique universelle : ancêtre mythique et donneur de vie, symbole de la guérison, animal se trouvant à la source de la vie et du désir sexuel, mais aussi craint et exorcisé en tant que représentation ancestrale de l’énergie psychique la plus profonde et inconnue (De Martino, 1973).
Chez plusieurs peuplades du Nigéria et du Congo telles que les Yoruba, Igbo, Songye et Luba, le serpent – par son absence d’articulations et par sa fluidité de mouvement – est associé aux origines primordiales, à l’eau et à la pluie, et est appelé « arc-en-ciel » pour représenter le lien entre les divinités du ciel et celles de l’eau, à leur tour liées à la fécondité. ( Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

La légende racontée par Cornet (AAN, #17,1976) est évocative : une femme Ndengese, Gunji Ilunga, après de moult péripéties, crée la société masculine « totshi », dont les membres sont caractérisés par une coiffe dénommée emat’eyeye,
da AAN # 17 agrémentée de deux appendices assimilables aux oreilles, à savoir le typique couvre-chef en raphia finement tressé à motif géométriques, qui rappelle la forme de la coiffe de la figure sur le sceptre avec le losange incrusté sur la tête.(Courtesy AAN)
Gunji Ilunga, seule femme entre plusieurs hommes. Et si c’était elle, le témoin de cette histoire, la figure au sommet du bâton ?

Difficile à dire. Ces rituels perdus sont désormais la seule trace d’un passé appartenant aux immenses territoires d’Afrique.

Il nous reste la beauté d’une forme sinueuse de la nature, une simple branche devenue objet artistique raffiné dans les mains de l’habileté créatrice d’un anonyme sculpteur de la forêt.

Kuba Ndengese (2)
Sceptre Kuba/Ndengese, Congo, cm. 46, Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966, Photo by Michel Gurfinkel

C’est probablement dans le domaine de la divination et des “rites magiques” que la créativité des peuples africains trouve une synthèse entre sa culture originaire et les éléments naturels.
Ce n’est en effet pas un hasard si les artefacts propres à ces activités chamaniques sont strictement liés aux éléments naturels – soit végétaux, minéraux ou animaux – disponibles dans un contexte spécifique.
Ces objets abîmés et déformés par le hasard – pierres fluviales, bouts de lianes, racines enchevêtrées – sont en effet le support idéal pour la ‘divination’.

Liana GabonRadice Gabon
Liana et racine du Gabon

Susceptibles de capturer et retenir l’énergie nécessaire aux rituels, ces éléments naturels sont fréquents dans les outils du devin, souvent choisis aussi en fonction du lieux où ils ont été découverts ou du traitement pour lequel ils seront utilisés.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures élaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boîtes, bouteilles). Cornes fourrées de matières hétéroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissables, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été capturés et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui détermine la signification et la fonction de l’objet mais ce qu’il cache à l’intérieur, ce qu’il contient.
S’ensuit l’effet du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18)
.

C’est donc la nature même qui fournit à la création humaine les instruments destinés à la contrôler dans ses excès, à chaque fois que les populations sont frappées par des événements hostiles et inexplicables.

C’est justement dans cet échange nature/homme/nature que le devin puise l’énergie du rituelle nécessaire à de rétablir l’équilibre lorseque celui-ci est menacé, altéré ou perturbé.
Le but poursuivi par le devin est l’ordre naturel des choses, le flux harmonieux des événements, l’harmonie menacée par des événements inexplicables rationnellement et auxquels lui seul peut remédier.

“La magie est l’arme que nous avons trouvée à l’aube des temps pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises récoltes, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent son usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bienveillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

Ces ‘produits de la nature’ font l’objet de beaucoup d’attentions et sont destinés à être soigneusement conservés en raison de leur sense précieux et caché.

Des éléments naturels comme des pierres, des morceaux de bois, de l’argile blanc prélevés sur les tombes des mfumu à makanda (les gardiens des reliques des ancêtres), restes d’animaux sacrés comme la panthère, le python ou l’éléphant, constituent pour la population des Vili du Congo, de précieux vestiges gardés dans des réceptables spéciaux au couvercle recouvert d’argile rouge incrustée. (R. Lehuard 1998, pag. 909).

Les recherches de Junod sur les rites de possession et l’exorcisme, réalisées in situ chez les Bantous de l’Afrique sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau), sont un témoignage efficace de ce lien entre nature et culture.

Grâce à la description de l’auteur, il nous semble presque de le voir ce divin Ndau :

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pièces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment noué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneaux de cuivre étaient glissés sur ses chevilles fines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la démarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voilé, souvent intérieur, surtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

De même que la cérémonie liée aux Marozwi, les esprits des ancêtres Ndau dans les villages des Barotse, sur le fleuve Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une partie du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

Et comme on l’a vu dans la description de Junod, ce ne sont pas seulement les matériaux naturels qui inspirent le devin, mais aussi les formes.

Les cannes et les bâtons recueillis par Willy Mestach en sont d’admirables exemples ( Courtesy W. Mestach, 2007).

mestach tanzania
Ituri, Congo, cm 130

Dans la plupart de ces objets, l’intervention humaine est assez limitée et se borne à respecter la forme originelle du tronc ou de la branche. Dans d’autres cas cependant, comme dans le sceptre Songye, le sculpteur réalise une véritable œuvre d’art, tout en respectant la forme originaire, en sculptant des silhouettes et en rajoutant directement sur le bois des éléments métalliques.

mestach songye
(Courtesy W. Mestach, 2007)

Parmi les Fon du Bénin, il n’est pas inhabituel de retrouver des sculptures apotropaïques dénommées Botchio, dont la racine dans la langue Fon vient de « bo » maléfice et « tchio » cadavre.

Botchio Benin
Courtesy J. Kerchache

Le Botchio joue le rôle d’une sentinelle et protège un village, un quartier, une famille, une société sécrète ou bien un individu isolé. Il est à la fois garant de l’ordre et de l’harmonie, divinité protectrice et ancestrale. Cette sculpture est souvent taillée dans la branche d’un arbre appelé « roco ». Selon la légende, le premier homme et la première femme descendirent sur terre entre les branches de cet arbre mythique. Le roco est donc lié à l’origine du monde et au couple primordial (J. Kerchache, 1996).
Dans d’autres cas, la sculpture est ornée d’objets naturels comme des coquillages, de petits potirons, des ficelles et d’autres matériaux sacrificiels, comme la sculpture illustrée ci-contre, censée protéger contre l’influence des espions (S. Preston Blier, 1996).

Fon
Fon, Benin, cm. 36,5 Private coll. Italy

Une autre sculpture ancienne et significative où l’artiste a suivi les formes naturelles du tronc de l’arbre est la figure hermaphrodite Dogon Niogom qui mesure 132 cm de hauteur, conservée au Musée du Quai Branly (M.H. 35105106). Dans ce cas-ci, le sculpteur a suivi les courbes du bois, qui se prêtaient bien à la représentation de la figure mythique de Nommo, anthropomorphe dans la partie supérieure du corps et serpent dans la partie inférieure.

Dogon Branly
Courtesy Musée du Quai Branly

Les pierres dénommées sogo témoignent également du Nommo et rentrent dans la complexe architecture cosmogonique du peuple de la falaise malienne.
Les pierres longues, de forme phallique, sont au contraire utilisées à des fins de rituels dans le sud du Gabon. De même, des pierres semblables – naturelles ou complètement sculptées – trouvent leur place dans les rituels des populations du Cross River, au Nigéria, tout comme les objets naturels récoltés par les Rukuba du centre-nord du Nigéria pour leurs rites d’initiation ou pour les autels consacrés aux rites de la terre (J.C. Muller, 1989).

Les Konso d’Ethiopie utilisent des fragments de basalte en les mettant à côté des torses sculptés dans le bois pour décorer leurs tombeaux : pierre et bois comme témoins de la présence de la nature dans les rites funéraires.

Konso cm.121
Konso, Ethiopia, cm. 121, Private coll. Italy

La figurine en fibres de raphia torsadées et noircies, appelée Unil (la personne humaine), est elle aussi liée aux rites funéraires Bassar au Togo. Cette simple figurine d’origine végétale incarne l’esprit d’une femme décédée et la représente pendant la cérémonie de ses secondes funérailles. Unil Togo

Chez les Ejagham du Cameroun, les emblèmes de la société secrète ekpe sont constitués d’un treillis en bois et en fibres végétales sur lequel sont posés os, crânes et peaux d’animaux sacrifiés, éléments végétaux, ficelles et colliers. L’ekpe rassemble à différents niveaux d’initiation les hommes ejagham et remplit des fonctions législatives et judiciaires, il s’agit d’un aggloméré d’éléments extraits de la nature, censés guider de façon symbolique l’esprit des décisions à travers la lecture des signes jalousement gardés à l’intérieur de l’ekpe.Ejaghan Camerum

Comme l’écrit Le Fur : “ il faudrait plutôt ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibles naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes. Leurs textures, leurs couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Autre exemple de la créativité artistique et de habileté d’exécution d’un sculpteur anonyme congolais du Kasai : un sceptre de devin Kuba/Ndengese, objet d’une grande puissance évocatrice et d’une remarquable qualité esthétique. (Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966)

Kuba-Ndengese3

Cet objet en bois, d’une longueur de 46 cm, est caractérisé par des coupes fermes et décidées et par une surprenante spontanéité d’exécution. Le sceptre est en effet taillé dans une branche dont il suit la forme et est coupé en trois segments. Le manche est dans le segment central, comme en témoignent l’usure du bois et sa patine plus claire, signes d’un usage rituel répété.
Une petite poche en cuir cousue autour de la branche contenait la charge magique.

Kuba Ndengese part. lat. dx

Au sommet du sceptre se trouve une silhouette probablement féminine, tandis qu’un long serpent enroulé autour de la branche appuie sa tête sur la jambe de la silhouette, tendue vers le haut. Le cou est allongé et annelé, la nuque, le dos et le ventre sont marqués par de profondes scarifications en zigzag.

Kuba Ndengese part. dorsale

La coiffure, ornée par une calotte en forme de losange, est également creusée par des motifs géométriques.

Decorazione capo

Les bras de la silhouette sont repliés sur le torse, un sur une épaule, l’autre sur le ventre.
Enfin, deux petits trous creusés à l’arrière sont destinés à contenir la charge magique anale.
La patine brun orangé du bois garde les traces épaisses et sombres des épanchements sacrificiels.

Sommità laterale dxSommità laterale sx

L’origine de cet objet est difficile à définir, bien que beaucoup d’éléments (scarifications, cou allongé et annelé, forme de la tête, coiffure) permettent de l’associer à la zone culturelle Kuba-Ndengese.
De plus, la présence des charges magiques semble suggérer que cet objet a été l’instrument d’un devin qui s’en servait pendant des rituels propitiatoires ou initiatiques.

Nature et culture se rencontrent dans cet artefact dans les formes naturelles du bois, le cuir animal et les éléments rituels : un unicum à la forte charge symbolique. Une sorte de « transformation alchimique » qui donne au devin ce que la nature même a produit de façon spontanée et que l’intervention de l’homme a consacré.

En ce qui concerne la signification des symboles présentés par le sceptre, on ne peut qu’exprimer des hypothèses justifiées par nos connaissances actuelles.
La position des bras de la figure silhouette n’est pas inhabituelle dans l’iconographie Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 et F. Neyt, pag. 177).

J. Cornet Ndengesecoppa Kuba
Courtesy J. Cornet et Yale University

Notamment le bras droit posé sur le ventre pourrait être vu comme le geste qui contrôle le mambu, à savoir « ce qui doit être dit » et l’intensité avec laquelle l’exprimer (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

La symbolique du serpent joint à la figure féminine est également inconnue. Elle rappelle les contenus de syncrétisme chrétien dans un objet d’inspiration shamanique/divinatoire.
Le serpent est sans doute l’animal le plus représenté dans la symbolique universelle : ancêtre mythique et donneur de vie, symbole de la guérison, animal se trouvant à la source de la vie et du désir sexuel, mais aussi craint et exorcisé en tant que représentation ancestrale de l’énergie psychique la plus profonde et inconnue (De Martino, 1973).
Chez plusieurs peuplades du Nigéria et du Congo telles que les Yoruba, Igbo, Songye et Luba, le serpent – par son absence d’articulations et par sa fluidité de mouvement – est associé aux origines primordiales, à l’eau et à la pluie, et est appelé « arc-en-ciel » pour représenter le lien entre les divinités du ciel et celles de l’eau, à leur tour liées à la fécondité. ( Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

La légende racontée par Cornet (AAN, #17,1976) est évocative : une femme Ndengese, Gunji Ilunga, après de moult péripéties, crée la société masculine « totshi », dont les membres sont caractérisés par une coiffe dénommée emat’eyeye,
da AAN # 17 agrémentée de deux appendices assimilables aux oreilles, à savoir le typique couvre-chef en raphia finement tressé à motif géométriques, qui rappelle la forme de la coiffe de la figure sur le sceptre avec le losange incrusté sur la tête.(Courtesy AAN)
Gunji Ilunga, seule femme entre plusieurs hommes. Et si c’était elle, le témoin de cette histoire, la figure au sommet du bâton ?

Difficile à dire. Ces rituels perdus sont désormais la seule trace d’un passé appartenant aux immenses territoires d’Afrique.

Il nous reste la beauté d’une forme sinueuse de la nature, une simple branche devenue objet artistique raffiné dans les mains de l’habileté créatrice d’un anonyme sculpteur de la forêt.

Bibliographie

Nanette Jacomijn Snoep, “Recette des Dieux. Esthétique du fétiche“, Musée Quai Branly, Paris, 2009.

Anonimo, Catalogue Exposition “Magie en Afrique Noire “, Musée Barbier-Muller, Géneve, 1987.

Raoul Lehuard “Art Bakongo Insigne de Pouvoir. Le sceptre“, AAN, Arnouville, 1998

H. Ph. Junod, “Les cas de possession et l’Exorcisme chez les Vandau“, en Africa: Journal of the International African Institute, Vol 7, No. 3 , Jul, Edinburgh University Press, Edinburgh, 1934.

Willy Mestach , Catalogue Exposition “L’intelligence des Formes”, Tribal Art, Bruxelles, 2007.

Jacques Kerchache, Catalogue Exposition “Botchio, sculptures Fon, Béni “, Limoges, 1996

Suzanne Preston Blier “African Vodon. Art, Psychology and Power”, Chicago, London, 1995

Jean-Claude Muller, “La calebasse sacrée. Initiations Rukuba ( Nigeria central ) “, éditions de la Pensée Sauvage, Presses universitaires de Montréal, Montréal, 1989

Yves Le Fur, Catalogue Exposition “Résonances”, Musée Dapper Paris, Paris, 1990.

Joseph Cornet, “Art de l’Afrique Noire au Pays du fleuve Zaire“, Bruxelles, 1972.

Francois Neyt, “Arts traditionells et histoire au Zaire”, Université Catholique de Louvain, Louvain, 1981

Robert Farris Thompson, “La gestuelle Kongo”, en Catalogue Exposition “Le Geste Kongo”, Musée Dapper, Paris, 2002.

Ernesto De Martino, ”Il mondo magico”, Boringhieri, Torino, 1973

René Mavoungou Pambou, “Proverbe chez les Bavili”, Bajag- Meri Eds 1997

Joseph Cornet, “A propos des statues Ndengese” en Arts d’Afrique Noire, n° 17, Arnouville, 1976.

http://artidellemaninere.forumattivo.it/t314-kuba-n-dengese-people-diviner-s-scepter-feticheur-west-kasai-congo

ELIO REVERA

Sommità Scettro Ndengese

LO SCETTRO DEL DIVINATORE
Forme e materiali della natura nella tradizione “magica” dell’Africa
di Elio Revera

E’ probabilmente nei territori della divinazione e dei ”riti magici” che la creatività dei popoli africani fonde la propria cultura originaria con gli elementi naturali .
I manufatti idonei a queste attività sciamaniche, infatti, non a caso, sono strettamente connessi con gli elementi naturali, siano essi vegetali, minerali o animali, messi a disposizione dalla natura dei luoghi.
Questi oggetti, accidentati, distorti dal caso, come le pietre di fiume, torsi di liana, radici aggrovigliate, escrescenze arboree costituiscono, infatti, elemento di propizio supporto per la “divinazione “.
Sono combinazioni della natura che si trovano sovente negli utensili del divinatore in quanto idonei a catturare e trattenere l’energia necessaria ai riti, e spesso, sono scelti anche in funzione del luogo di ritrovamento o della cura per la quale saranno utilizzati.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures elaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boites, bouteilles). Cornes fourrées de matierès heteroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissablas, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été captures et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui determine la signification et la function de l’objet mais ce q’il cache à l’intérieur, ce q’il contient.
S’ensuit l’effect du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18).

La natura stessa pertanto, fornisce all’inventiva dell’uomo i medesimi strumenti destinati a controllarla nei suoi eccessi, quando le popolazioni sono vittime di eventi ostili ed inspiegabili.

E’ proprio nello scambio tra natura/uomo/natura che il divinatore trae l’energia del rito al fine di ricondurre all’equilibrio ciò che è minacciato, alterato o sconquassato.
L’ordine al quale tende il divinatore è l’ordine naturale delle cose, al flusso armonico degli eventi, al ripristino dell’armonia minacciata da fatti che la mente non può spiegare ed ai quali lui soltanto può porre rimedio.

“La magie est l’arme que nous avons à l’aube des temps, trouvé pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises ricolte, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent sont usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bien veillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

E questi “prodotti della natura” ricevono grandi attenzioni e sono destinati ad essere accuratamente custoditi per il loro prezioso e recondito significato.

Elementi naturali come pietre, pezzi di legno, argilla bianca prelevata sulle sepolture dei mfumu a makanda, cioè dei detentori delle reliquie degli antenati, reperti prelevati da animali sacri come la pantera, il pitone, l’elefante costituiscono tra il popolo Vili del Congo preziosi cimeli conservati in speciali contenitori la cui copertura è rivestita da una crosta di argilla rossa ( R. Lehuard 1998, pag. 909).

Efficace testimone di questo intreccio tra natura e cultura è il lavoro di Junod sui riti di possessione ed esorcismo che realizzò una ricerca sul campo presso i Bantous dell’Africa sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau).

Nella descrizione dell’autore, pare di vederlo il divinatore Ndau:

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pieces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment poué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneau de cuivre étaient glissés sur ses chevilles dines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la demarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voile, souvent intérieur, sourtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

Ed ancora, la cerimonia connessa agli spiriti, Marozwi, spiriti degli antenati Ndau nei paesi dei Barotse, sul fiume Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une parti du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

E come si è visto nella descrizione di Junod, insieme ai materiali, anche le forme che la natura mette a disposizione sono appannaggio degli strumenti per i riti del divinatore.

Ne sono mirabile testimonianza le canne ed i bastoni raccolti da Willy Mestach (W. Mestach, 2007, pagg.52,53,126,127,162).

In questi oggetti, sovente, l’intervento umano è alquanto parziale e si limita ad assecondare la forma originaria del tronco o del ramo; in altri, come nel caso dello scettro Songye, lo scultore realizza un’autentica opera d’arte, pur nel rigoroso rispetto della forma originaria, scolpendo figure ed innestando sul vivo legno elementi metallici.

Tra i Fon del Benin non è inconsueto trovare sculture apotropaiche denominate Botchio, in lingua Fon da “bo” maleficio e “tchio” cadavere.
Il Botchio ha un ruolo di sentinella. Protegge il villaggio, un quartiere, una famiglia, una società segreta o un individuo. E’ insieme il garante dell’ordine e dell’armonia, divinità tutelare ed ancestrale. Spesso questa scultura è tagliata nel ramo di un albero denominato “roco “. Secondo una leggenda il primo uomo e la prima donna discesero sulla terra tra i rami di questo albero mitico. Il roco pertanto è legato alla nascita del mondo ed alla prima coppia primordiale ( J. Kerchache, 1996 ).
In altri casi la scultura è carica di oggetti naturali come conchiglie, piccole zucche, corde ed altro materiale sacrificale come quella illustrata destinata alla protezione dell’influsso delle spie ( S. Preston Blier, 1996 ).
La passione per la numerologia, tipica delle popolazioni africane, ci aiuta nell’interpretazione di questa figura magica.
La spia è simbolo di ambiguità e di doppiezza ed in questo feticcio sono stati volutamente scolpiti soltanto un occhio, un orecchio, un braccia e una gamba. Eliminando gli elementi “doppi” lo scultore ha ristrutturato in tal modo la figura umana su valori di unità.

Un’altra significativa antica scultura in cui l’artista ha assecondato le naturali forme del tronco dell’albero è la figura ermafrodita Dogon Niongom alta 132 centimetri, conservata al Musée du quai Branly ( M.H. 35105106), in cui lo scultore ha assecondato la sinuosità del legno in quanto pertinente alla rappresentazione della figura mitica del Nommo, antropomorfico nella metà superiore del corpo e con aspetto serpentiforme nella rimanente metà.

Anche pietre denominate sogo sono la testimonianza del Nommo , ed a buon diritto entrano nella complessa architettura cosmogonica di questo popolo della falesia maliana.
Lunghe pietre di forma fallica, invece, sono utilizzate a fini rituali nel sud del Gabon ed ugualmente, naturali o completamente scolpite, pietre similari, entrano nella ritologia di popolazioni del Cross River in Nigeria come gli oggetti naturali raccolti dai Rukuba del centro-nord della Nigeria, per i loro culti d’iniziazione o per gli altari destinati ai riti della terra ( J.C.Muller,1989 ).

I Konso dell’Etiopia utilizzano frammenti di basalto ponendoli accanto a sculture in legno per ornare le loro tombe; pietra e legno a testimonianza della presenza della natura nei riti funerari. Questa popolazione, in pratica l’unica ad avere una significativa tradizione scultorea figurativa, limitandosi gli altri popoli del bacino dell’Omo River a poggiatesta, monili e decorazioni di vario genere, ha dato vita a forme scultoree antropomorfe denominate Waka, statue a figura intera, a volte anche a dimensioni naturali, ma di norma più piccole, poi esposte sulla tomba di notabili o eroi, qualifica quest’ultima che si poteva ottenere per meriti militari o anche per aver ucciso un animale pericoloso. Mirabile e per certi versi stupefacente è stata l’azione del tempo su questo antico oggetto funerario, la cui erosione, pur mantenendo le originarie fattezze antropomorfiche del “guerriero”, ha dato vita ad un’autonoma creazione che esalta l’armonia nascosta delle venature lignee del tronco utilizzato.(v. Tribal Art, #58, 2010).

Ugualmente legata ai riti funerari Bassar del Togo è la piccola figura in fibre di rafia ritorte ed annerite denominata Unil ( la persona umana ). Questa semplice figura di origine vegetale incarna lo spirito di una donna morta e la rappresenta nel corso della cerimonia del suo secondo funerale.

Presso gli Ejagham del Camerun, gli emblemi della società segreta Ekpe sono costituiti da un graticcio in legno e fibre vegetali su cui sono disposti ossa, teschi e pelli di animali sacrificati, elementi vegetali, corde, collane. L’Ekpe raccoglie a diversi livelli iniziatici gli uomini ejagham e svolge funzioni regolatorie e giudiziarie. Un conglomerato di elementi desunti dalla natura destinato simbolicamente a guidare lo spirito delle decisioni attraverso la decifrazione dei segni gelosamente secretati all’interno dell’Ekpe.

Come scrive Le Fur, “ il faudrait plutot ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibile naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes.Leurs textures, leures couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Un altro esempio, espressione della creatività artistica e dell’abilità esecutiva di un ignoto scultore congolese del Kasai, è uno scettro di divinatore, manufatto di forte potenza evocativa e rimarcabile qualità estetica.(Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966).

Tagli sicuri e decisi ed una sorprendente spontaneità d’esecuzione connotano questo oggetto ligneo lungo 46 centimetri.
Lo scettro è infatti intagliato in un ramo seguendo la forma originaria ed è diviso in tre segmenti; l’impugnatura è nel segmento centrale, come denotano lo spessore consunto del legno e la sua patina più chiara, testimonianze di lungo utilizzo rituale.
Una piccola tasca di pelle animale cucita intorno al ramo è destinata a contenere la carica magica.
Alla sommità dello scettro c’è una figura probabilmente femminile; un lungo serpente con il corpo arrotolato intorno al ramo poggia la testa ad una gamba della figura che si slancia verso l’alto.
Ha il collo allungato e inanellato, la nuca, il dorso ed il ventre sono segnati da profonde scarificazioni a zigzags. Anche l’acconciatura, ornata da una calotta a forma di losanga, è incisa con motivi geometrici.
Le braccia della figura sono ripiegate sul torso, una sulla spalla e l’altra sul ventre.
Due piccoli fori posteriori, infine, sono destinati a contenere la carica magica anale.

La patina bruno-aranciata del legno conserva le spesse tracce scure dei versamenti sacrificali.

L’origine di questo oggetto è di difficile definizione anche se per tanti elementi, scarificazioni, collo allungato e inanellato, forma della testa, acconciatura, la riconducono all’area culturale Kuba-Ndengese.
L’esistenza inoltre di cariche magiche suggerisce che questo oggetto sia stato lo strumento di un divinatore che lo utilizzava in rituali propiziatori o iniziatici.

Natura e cultura si fondono in questo manufatto tra forme naturali del legno, pelle animale e gli elementi rituali: un unicum di forte carica simbolica .
Una “trasformazione alchemica” che riconsegna al divinatore ciò che la natura stessa ha prodotto spontaneamente e l’intervento dell’uomo ha consacrato.

Circa i significati dei simboli proposti dallo scettro si possono soltanto esprimere alcune ipotesi alla luce delle conoscenza attuali.
La posizione delle braccia della figura non è inusuale nell’iconografia Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 e F. Neyt, 1981, pag.177).

In particolare il braccio destro sul ventre potrebbe essere inteso come il gesto che controlla il mambu, cioè “quello che deve essere detto” e l’intensità con la quale esprimerlo (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

Ugualmente sconosciuto è il significato del serpente, congiunto alla figura femminile, che rinvia a contenuti di sincretismo cristiano in un oggetto di ispirazione sciamanico/divinatoria.
Il serpente è forse l’animale più rappresentato nella simbologia di tutti i tempi, antenato mitico, vivificatore, simbolo della cura, animale originario alle sorgenti della vita e della libido, ma anche temuto ed esorcizzato quale ancestrale rappresentazione della sconosciuta energia psichica del profondo (De Martino,1973).
Presso molti popoli della Nigeria e del Congo quali Yoruba,Igbo, Songye, Luba, il serpente per la sua assenza di articolazioni e fluidità di movimento è associato alle origini primordiali, all’acqua, alla pioggia ed è chiamato “arco in cielo”, a rappresentare il legame fra le divinità del cielo e quelle dell’acqua il cui rimando è in ogni caso alla fecondità (R. Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

Suggestiva poi, è la leggenda narrata da Cornet ( AAN, #17,1976), nella quale una donna Ndengese, Gunji Ilunga, dopo varie vicissitudini, dà vita alla società maschile “Totshi”, caratterizzati da una coiffure denominata emat’eyeye ornata da due appendici assimilabili alle orecchie, il tipico copricapo di rafia finemente intrecciato a motivi geometrici, che rinvia alla forma dell’acconciatura della figura dello scettro con la losanga incisa sul capo.

Gunji Ilunga unica femmina tra tanti maschi. Che sia proprio lei, la testimone di questa storia, quella figura sulla sommità del bastone?

Chissà? Rituali perduti, ormai vestigia di un passato affidato agli immensi spazi dei territori d’Africa.

A noi rimane la bellezza di una forma sinuosa della natura, un semplice ramo divenuto fine oggetto artistico nelle mani dell’abilità creativa di uno sconosciuto scultore della foresta.

Ndengese part.

Bibliographie

Nanette Jacomijn Snoep, “Recette des Dieux. Esthétique du fétiche“, Musée Quai Branly, Paris, 2009.

Anonimo, Catalogue Exposition “Magie en Afrique Noire “, Musée Barbier-Muller, Géneve, 1987.

Raoul Lehuard “Art Bakongo Insigne de Pouvoir. Le sceptre“, AAN, Arnouville, 1998

H. Ph. Junod, “Les cas de possession et l’Exorcisme chez les Vandau“, en Africa: Journal of the International African Institute, Vol 7, No. 3 , Jul, Edinburgh University Press, Edinburgh, 1934.

Willy Mestach , Catalogue Exposition “L’intelligence des Formes”, Tribal Art, Bruxelles, 2007.

Jacques Kerchache, Catalogue Exposition “Botchio, sculptures Fon, Béni “, Limoges, 1996

Suzanne Preston Blier “African Vodon. Art, Psychology and Power”, Chicago, London, 1995

Jean-Claude Muller, “La calebasse sacrée. Initiations Rukuba ( Nigeria central ) “, éditions de la Pensée Sauvage, Presses universitaires de Montréal, Montréal, 1989

Yves Le Fur, Catalogue Exposition “Résonances”, Musée Dapper Paris, Paris, 1990.

Joseph Cornet, “Art de l’Afrique Noire au Pays du fleuve Zaire“, Bruxelles, 1972.

Francois Neyt, “Arts traditionells et histoire au Zaire”, Université Catholique de Louvain, Louvain, 1981

Robert Farris Thompson, “La gestuelle Kongo”, en Catalogue Exposition “Le Geste Kongo”, Musée Dapper, Paris, 2002.

Ernesto De Martino, ”Il mondo magico”, Boringhieri, Torino, 1973

René Mavoungou Pambou, “Proverbe chez les Bavili”, Bajag- Meri Eds 1997

Joseph Cornet, “A propos des statues Ndengese” en Arts d’Afrique Noire, n° 17, Arnouville, 1976.

http://artidellemaninere.forumattivo.it/t314-kuba-n-dengese-people-diviner-s-scepter-feticheur-west-kasai-congo

ELIO REVERA

Sommità Scettro Ndengese

LO SCETTRO DEL DIVINATORE
Forme e materiali della natura nella tradizione “magica” dell’Africa
di Elio Revera

E’ probabilmente nei territori della divinazione e dei ”riti magici” che la creatività dei popoli africani fonde la propria cultura originaria con gli elementi naturali .
I manufatti idonei a queste attività sciamaniche, infatti, non a caso, sono strettamente connessi con gli elementi naturali, siano essi vegetali, minerali o animali, messi a disposizione dalla natura dei luoghi.
Questi oggetti, accidentati, distorti dal caso, come le pietre di fiume, torsi di liana, radici aggrovigliate, escrescenze arboree costituiscono, infatti, elemento di propizio supporto per la “divinazione “.
Sono combinazioni della natura che si trovano sovente negli utensili del divinatore in quanto idonei a catturare e trattenere l’energia necessaria ai riti, e spesso, sono scelti anche in funzione del luogo di ritrovamento o della cura per la quale saranno utilizzati.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures elaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boites, bouteilles). Cornes fourrées de matierès heteroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissablas, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été captures et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui determine la signification et la function de l’objet mais ce q’il cache à l’intérieur, ce q’il contient.
S’ensuit l’effect du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18).

La natura stessa pertanto, fornisce all’inventiva dell’uomo i medesimi strumenti destinati a controllarla nei suoi eccessi, quando le popolazioni sono vittime di eventi ostili ed inspiegabili.

E’ proprio nello scambio tra natura/uomo/natura che il divinatore trae l’energia del rito al fine di ricondurre all’equilibrio ciò che è minacciato, alterato o sconquassato.
L’ordine al quale tende il divinatore è l’ordine naturale delle cose, al flusso armonico degli eventi, al ripristino dell’armonia minacciata da fatti che la mente non può spiegare ed ai quali lui soltanto può porre rimedio.

“La magie est l’arme que nous avons à l’aube des temps, trouvé pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises ricolte, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent sont usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bien veillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

E questi “prodotti della natura” ricevono grandi attenzioni e sono destinati ad essere accuratamente custoditi per il loro prezioso e recondito significato.

Elementi naturali come pietre, pezzi di legno, argilla bianca prelevata sulle sepolture dei mfumu a makanda, cioè dei detentori delle reliquie degli antenati, reperti prelevati da animali sacri come la pantera, il pitone, l’elefante costituiscono tra il popolo Vili del Congo preziosi cimeli conservati in speciali contenitori la cui copertura è rivestita da una crosta di argilla rossa ( R. Lehuard 1998, pag. 909).

Efficace testimone di questo intreccio tra natura e cultura è il lavoro di Junod sui riti di possessione ed esorcismo che realizzò una ricerca sul campo presso i Bantous dell’Africa sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau).

Nella descrizione dell’autore, pare di vederlo il divinatore Ndau:

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pieces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment poué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneau de cuivre étaient glissés sur ses chevilles dines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la demarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voile, souvent intérieur, sourtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

Ed ancora, la cerimonia connessa agli spiriti, Marozwi, spiriti degli antenati Ndau nei paesi dei Barotse, sul fiume Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une parti du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

E come si è visto nella descrizione di Junod, insieme ai materiali, anche le forme che la natura mette a disposizione sono appannaggio degli strumenti per i riti del divinatore.

Ne sono mirabile testimonianza le canne ed i bastoni raccolti da Willy Mestach (W. Mestach, 2007, pagg.52,53,126,127,162).

In questi oggetti, sovente, l’intervento umano è alquanto parziale e si limita ad assecondare la forma originaria del tronco o del ramo; in altri, come nel caso dello scettro Songye, lo scultore realizza un’autentica opera d’arte, pur nel rigoroso rispetto della forma originaria, scolpendo figure ed innestando sul vivo legno elementi metallici.

Tra i Fon del Benin non è inconsueto trovare sculture apotropaiche denominate Botchio, in lingua Fon da “bo” maleficio e “tchio” cadavere.
Il Botchio ha un ruolo di sentinella. Protegge il villaggio, un quartiere, una famiglia, una società segreta o un individuo. E’ insieme il garante dell’ordine e dell’armonia, divinità tutelare ed ancestrale. Spesso questa scultura è tagliata nel ramo di un albero denominato “roco “. Secondo una leggenda il primo uomo e la prima donna discesero sulla terra tra i rami di questo albero mitico. Il roco pertanto è legato alla nascita del mondo ed alla prima coppia primordiale ( J. Kerchache, 1996 ).
In altri casi la scultura è carica di oggetti naturali come conchiglie, piccole zucche, corde ed altro materiale sacrificale come quella illustrata destinata alla protezione dell’influsso delle spie ( S. Preston Blier, 1996 ).
La passione per la numerologia, tipica delle popolazioni africane, ci aiuta nell’interpretazione di questa figura magica.
La spia è simbolo di ambiguità e di doppiezza ed in questo feticcio sono stati volutamente scolpiti soltanto un occhio, un orecchio, un braccia e una gamba. Eliminando gli elementi “doppi” lo scultore ha ristrutturato in tal modo la figura umana su valori di unità.

Un’altra significativa antica scultura in cui l’artista ha assecondato le naturali forme del tronco dell’albero è la figura ermafrodita Dogon Niongom alta 132 centimetri, conservata al Musée du quai Branly ( M.H. 35105106), in cui lo scultore ha assecondato la sinuosità del legno in quanto pertinente alla rappresentazione della figura mitica del Nommo, antropomorfico nella metà superiore del corpo e con aspetto serpentiforme nella rimanente metà.

Anche pietre denominate sogo sono la testimonianza del Nommo , ed a buon diritto entrano nella complessa architettura cosmogonica di questo popolo della falesia maliana.
Lunghe pietre di forma fallica, invece, sono utilizzate a fini rituali nel sud del Gabon ed ugualmente, naturali o completamente scolpite, pietre similari, entrano nella ritologia di popolazioni del Cross River in Nigeria come gli oggetti naturali raccolti dai Rukuba del centro-nord della Nigeria, per i loro culti d’iniziazione o per gli altari destinati ai riti della terra ( J.C.Muller,1989 ).

I Konso dell’Etiopia utilizzano frammenti di basalto ponendoli accanto a sculture in legno per ornare le loro tombe; pietra e legno a testimonianza della presenza della natura nei riti funerari. Questa popolazione, in pratica l’unica ad avere una significativa tradizione scultorea figurativa, limitandosi gli altri popoli del bacino dell’Omo River a poggiatesta, monili e decorazioni di vario genere, ha dato vita a forme scultoree antropomorfe denominate Waka, statue a figura intera, a volte anche a dimensioni naturali, ma di norma più piccole, poi esposte sulla tomba di notabili o eroi, qualifica quest’ultima che si poteva ottenere per meriti militari o anche per aver ucciso un animale pericoloso. Mirabile e per certi versi stupefacente è stata l’azione del tempo su questo antico oggetto funerario, la cui erosione, pur mantenendo le originarie fattezze antropomorfiche del “guerriero”, ha dato vita ad un’autonoma creazione che esalta l’armonia nascosta delle venature lignee del tronco utilizzato.(v. Tribal Art, #58, 2010).

Ugualmente legata ai riti funerari Bassar del Togo è la piccola figura in fibre di rafia ritorte ed annerite denominata Unil ( la persona umana ). Questa semplice figura di origine vegetale incarna lo spirito di una donna morta e la rappresenta nel corso della cerimonia del suo secondo funerale.

Presso gli Ejagham del Camerun, gli emblemi della società segreta Ekpe sono costituiti da un graticcio in legno e fibre vegetali su cui sono disposti ossa, teschi e pelli di animali sacrificati, elementi vegetali, corde, collane. L’Ekpe raccoglie a diversi livelli iniziatici gli uomini ejagham e svolge funzioni regolatorie e giudiziarie. Un conglomerato di elementi desunti dalla natura destinato simbolicamente a guidare lo spirito delle decisioni attraverso la decifrazione dei segni gelosamente secretati all’interno dell’Ekpe.

Come scrive Le Fur, “ il faudrait plutot ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibile naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes.Leurs textures, leures couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Un altro esempio, espressione della creatività artistica e dell’abilità esecutiva di un ignoto scultore congolese del Kasai, è uno scettro di divinatore, manufatto di forte potenza evocativa e rimarcabile qualità estetica.(Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966).

Tagli sicuri e decisi ed una sorprendente spontaneità d’esecuzione connotano questo oggetto ligneo lungo 46 centimetri.
Lo scettro è infatti intagliato in un ramo seguendo la forma originaria ed è diviso in tre segmenti; l’impugnatura è nel segmento centrale, come denotano lo spessore consunto del legno e la sua patina più chiara, testimonianze di lungo utilizzo rituale.
Una piccola tasca di pelle animale cucita intorno al ramo è destinata a contenere la carica magica.
Alla sommità dello scettro c’è una figura probabilmente femminile; un lungo serpente con il corpo arrotolato intorno al ramo poggia la testa ad una gamba della figura che si slancia verso l’alto.
Ha il collo allungato e inanellato, la nuca, il dorso ed il ventre sono segnati da profonde scarificazioni a zigzags. Anche l’acconciatura, ornata da una calotta a forma di losanga, è incisa con motivi geometrici.
Le braccia della figura sono ripiegate sul torso, una sulla spalla e l’altra sul ventre.
Due piccoli fori posteriori, infine, sono destinati a contenere la carica magica anale.

La patina bruno-aranciata del legno conserva le spesse tracce scure dei versamenti sacrificali.

L’origine di questo oggetto è di difficile definizione anche se per tanti elementi, scarificazioni, collo allungato e inanellato, forma della testa, acconciatura, la riconducono all’area culturale Kuba-Ndengese.
L’esistenza inoltre di cariche magiche suggerisce che questo oggetto sia stato lo strumento di un divinatore che lo utilizzava in rituali propiziatori o iniziatici.

Natura e cultura si fondono in questo manufatto tra forme naturali del legno, pelle animale e gli elementi rituali: un unicum di forte carica simbolica .
Una “trasformazione alchemica” che riconsegna al divinatore ciò che la natura stessa ha prodotto spontaneamente e l’intervento dell’uomo ha consacrato.

Circa i significati dei simboli proposti dallo scettro si possono soltanto esprimere alcune ipotesi alla luce delle conoscenza attuali.
La posizione delle braccia della figura non è inusuale nell’iconografia Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 e F. Neyt, 1981, pag.177).

In particolare il braccio destro sul ventre potrebbe essere inteso come il gesto che controlla il mambu, cioè “quello che deve essere detto” e l’intensità con la quale esprimerlo (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

Ugualmente sconosciuto è il significato del serpente, congiunto alla figura femminile, che rinvia a contenuti di sincretismo cristiano in un oggetto di ispirazione sciamanico/divinatoria.
Il serpente è forse l’animale più rappresentato nella simbologia di tutti i tempi, antenato mitico, vivificatore, simbolo della cura, animale originario alle sorgenti della vita e della libido, ma anche temuto ed esorcizzato quale ancestrale rappresentazione della sconosciuta energia psichica del profondo (De Martino,1973).
Presso molti popoli della Nigeria e del Congo quali Yoruba,Igbo, Songye, Luba, il serpente per la sua assenza di articolazioni e fluidità di movimento è associato alle origini primordiali, all’acqua, alla pioggia ed è chiamato “arco in cielo”, a rappresentare il legame fra le divinità del cielo e quelle dell’acqua il cui rimando è in ogni caso alla fecondità (R. Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

Suggestiva poi, è la leggenda narrata da Cornet ( AAN, #17,1976), nella quale una donna Ndengese, Gunji Ilunga, dopo varie vicissitudini, dà vita alla società maschile “Totshi”, caratterizzati da una coiffure denominata emat’eyeye ornata da due appendici assimilabili alle orecchie, il tipico copricapo di rafia finemente intrecciato a motivi geometrici, che rinvia alla forma dell’acconciatura della figura dello scettro con la losanga incisa sul capo.

Gunji Ilunga unica femmina tra tanti maschi. Che sia proprio lei, la testimone di questa storia, quella figura sulla sommità del bastone?

Chissà? Rituali perduti, ormai vestigia di un passato affidato agli immensi spazi dei territori d’Africa.

A noi rimane la bellezza di una forma sinuosa della natura, un semplice ramo divenuto fine oggetto artistico nelle mani dell’abilità creativa di uno sconosciuto scultore della foresta.

Ndengese part.

Bibliographie

Nanette Jacomijn Snoep, “Recette des Dieux. Esthétique du fétiche“, Musée Quai Branly, Paris, 2009.

Anonimo, Catalogue Exposition “Magie en Afrique Noire “, Musée Barbier-Muller, Géneve, 1987.

Raoul Lehuard “Art Bakongo Insigne de Pouvoir. Le sceptre“, AAN, Arnouville, 1998

H. Ph. Junod, “Les cas de possession et l’Exorcisme chez les Vandau“, en Africa: Journal of the International African Institute, Vol 7, No. 3 , Jul, Edinburgh University Press, Edinburgh, 1934.

Willy Mestach , Catalogue Exposition “L’intelligence des Formes”, Tribal Art, Bruxelles, 2007.

Jacques Kerchache, Catalogue Exposition “Botchio, sculptures Fon, Béni “, Limoges, 1996

Suzanne Preston Blier “African Vodon. Art, Psychology and Power”, Chicago, London, 1995

Jean-Claude Muller, “La calebasse sacrée. Initiations Rukuba ( Nigeria central ) “, éditions de la Pensée Sauvage, Presses universitaires de Montréal, Montréal, 1989

Yves Le Fur, Catalogue Exposition “Résonances”, Musée Dapper Paris, Paris, 1990.

Joseph Cornet, “Art de l’Afrique Noire au Pays du fleuve Zaire“, Bruxelles, 1972.

Francois Neyt, “Arts traditionells et histoire au Zaire”, Université Catholique de Louvain, Louvain, 1981

Robert Farris Thompson, “La gestuelle Kongo”, en Catalogue Exposition “Le Geste Kongo”, Musée Dapper, Paris, 2002.

Ernesto De Martino, ”Il mondo magico”, Boringhieri, Torino, 1973

René Mavoungou Pambou, “Proverbe chez les Bavili”, Bajag- Meri Eds 1997

Joseph Cornet, “A propos des statues Ndengese” en Arts d’Afrique Noire, n° 17, Arnouville, 1976.

http://artidellemaninere.forumattivo.it/t314-kuba-n-dengese-people-diviner-s-scepter-feticheur-west-kasai-congo

ELIO REVERA

Sommità Scettro Ndengese

LO SCETTRO DEL DIVINATORE
Forme e materiali della natura nella tradizione “magica” dell’Africa
di Elio Revera

E’ probabilmente nei territori della divinazione e dei ”riti magici” che la creatività dei popoli africani fonde la propria cultura originaria con gli elementi naturali .
I manufatti idonei a queste attività sciamaniche, infatti, non a caso, sono strettamente connessi con gli elementi naturali, siano essi vegetali, minerali o animali, messi a disposizione dalla natura dei luoghi.
Questi oggetti, accidentati, distorti dal caso, come le pietre di fiume, torsi di liana, radici aggrovigliate, escrescenze arboree costituiscono, infatti, elemento di propizio supporto per la “divinazione “.
Sono combinazioni della natura che si trovano sovente negli utensili del divinatore in quanto idonei a catturare e trattenere l’energia necessaria ai riti, e spesso, sono scelti anche in funzione del luogo di ritrovamento o della cura per la quale saranno utilizzati.

“Les objets de divination sont aussi bien des sculptures elaborées que des contenants informes (paquests) ou préfabriqués (panniers, boites, bouteilles). Cornes fourrées de matierès heteroclites sacs bourrés, fermés et noués, coquillages remplis de substances indéfinissablas, cimentés à la résine ou à la graisse animale. Tous ces objets donnent une impression de contenance: les pouvoirs ont été captures et sont sous contrôle.
Ce n’est pas la forme qui determine la signification et la function de l’objet mais ce q’il cache à l’intérieur, ce q’il contient.
S’ensuit l’effect du déballage et de la surprise: le contenu est révélé pendant un bref instant à celui qui le consulte, avant d’être refermé et emballé de nouveau” (N. J. Snoep, 2009, pag. 18).

La natura stessa pertanto, fornisce all’inventiva dell’uomo i medesimi strumenti destinati a controllarla nei suoi eccessi, quando le popolazioni sono vittime di eventi ostili ed inspiegabili.

E’ proprio nello scambio tra natura/uomo/natura che il divinatore trae l’energia del rito al fine di ricondurre all’equilibrio ciò che è minacciato, alterato o sconquassato.
L’ordine al quale tende il divinatore è l’ordine naturale delle cose, al flusso armonico degli eventi, al ripristino dell’armonia minacciata da fatti che la mente non può spiegare ed ai quali lui soltanto può porre rimedio.

“La magie est l’arme que nous avons à l’aube des temps, trouvé pour combattre l’ennemi inconnu qui cause les maladies, les mauvaises ricolte, la raréfaction du tibie et pour se garder de la méchanceté inévitable de nos prochains. C’est un outil au même titre que le silex et l’amadou (quand il s’agit de faire le feu) ou la lance (s’il faut se défendre contre le lion et l’ours). Souvent sont usage fut enseigné par un héros culturel ou une divinité bien veillante…en général, le sorcier possède des pouvoirs, une science, qui lui confèrent une situation à part dans la société” (Musée Barbier Muller, 1987, pag. 2).

E questi “prodotti della natura” ricevono grandi attenzioni e sono destinati ad essere accuratamente custoditi per il loro prezioso e recondito significato.

Elementi naturali come pietre, pezzi di legno, argilla bianca prelevata sulle sepolture dei mfumu a makanda, cioè dei detentori delle reliquie degli antenati, reperti prelevati da animali sacri come la pantera, il pitone, l’elefante costituiscono tra il popolo Vili del Congo preziosi cimeli conservati in speciali contenitori la cui copertura è rivestita da una crosta di argilla rossa ( R. Lehuard 1998, pag. 909).

Efficace testimone di questo intreccio tra natura e cultura è il lavoro di Junod sui riti di possessione ed esorcismo che realizzò una ricerca sul campo presso i Bantous dell’Africa sud-orientale (Thonga, Bachopi, Ndau).

Nella descrizione dell’autore, pare di vederlo il divinatore Ndau:

“ De stature moyenne, je le vois s’avancer, avec son grand musengele, sa longue canne de bambou, symbole de son office. Sur sa poitrine, et passée par-dessus ses épaules, une longue chaîne de petites cornes d’antilopes, remplies de médecines diverses. Un collier de baies blanches, alternant avec de petites pieces de bois noir, autour du cou. Un pagne négligemment poué autour des reins et l’assommoir dans la main gauche, il avait belle allure. Ses cheveux crépus assez longs avançaient sur un large front bombé et remarquablement intelligent. Des anneau de cuivre étaient glissés sur ses chevilles dines et sur ses poignets, ceci sans la surcharge qui alourdit tant la demarche gracieuse de beaucoup de femmes. Le regard était somme toute voile, souvent intérieur, sourtout dans l’extase, souvent aussi, hélas, troublé par l’alcool” (H.PH. Junod, 1934, pag. 274, 275).

Ed ancora, la cerimonia connessa agli spiriti, Marozwi, spiriti degli antenati Ndau nei paesi dei Barotse, sul fiume Zambèse.

“La cérémonie est accompagnée de danses où le possédé tient dans sa main gauche et dans sa main droite un nduku, une sorte de petite canne fort jolie très courte, et ornementée de dessins triangulaires, gravés dans une parti du bois, noircie au feu” (Ibidem, pag. 276).

E come si è visto nella descrizione di Junod, insieme ai materiali, anche le forme che la natura mette a disposizione sono appannaggio degli strumenti per i riti del divinatore.

Ne sono mirabile testimonianza le canne ed i bastoni raccolti da Willy Mestach (W. Mestach, 2007, pagg.52,53,126,127,162).

In questi oggetti, sovente, l’intervento umano è alquanto parziale e si limita ad assecondare la forma originaria del tronco o del ramo; in altri, come nel caso dello scettro Songye, lo scultore realizza un’autentica opera d’arte, pur nel rigoroso rispetto della forma originaria, scolpendo figure ed innestando sul vivo legno elementi metallici.

Tra i Fon del Benin non è inconsueto trovare sculture apotropaiche denominate Botchio, in lingua Fon da “bo” maleficio e “tchio” cadavere.
Il Botchio ha un ruolo di sentinella. Protegge il villaggio, un quartiere, una famiglia, una società segreta o un individuo. E’ insieme il garante dell’ordine e dell’armonia, divinità tutelare ed ancestrale. Spesso questa scultura è tagliata nel ramo di un albero denominato “roco “. Secondo una leggenda il primo uomo e la prima donna discesero sulla terra tra i rami di questo albero mitico. Il roco pertanto è legato alla nascita del mondo ed alla prima coppia primordiale ( J. Kerchache, 1996 ).
In altri casi la scultura è carica di oggetti naturali come conchiglie, piccole zucche, corde ed altro materiale sacrificale come quella illustrata destinata alla protezione dell’influsso delle spie ( S. Preston Blier, 1996 ).
La passione per la numerologia, tipica delle popolazioni africane, ci aiuta nell’interpretazione di questa figura magica.
La spia è simbolo di ambiguità e di doppiezza ed in questo feticcio sono stati volutamente scolpiti soltanto un occhio, un orecchio, un braccia e una gamba. Eliminando gli elementi “doppi” lo scultore ha ristrutturato in tal modo la figura umana su valori di unità.

Un’altra significativa antica scultura in cui l’artista ha assecondato le naturali forme del tronco dell’albero è la figura ermafrodita Dogon Niongom alta 132 centimetri, conservata al Musée du quai Branly ( M.H. 35105106), in cui lo scultore ha assecondato la sinuosità del legno in quanto pertinente alla rappresentazione della figura mitica del Nommo, antropomorfico nella metà superiore del corpo e con aspetto serpentiforme nella rimanente metà.

Anche pietre denominate sogo sono la testimonianza del Nommo , ed a buon diritto entrano nella complessa architettura cosmogonica di questo popolo della falesia maliana.
Lunghe pietre di forma fallica, invece, sono utilizzate a fini rituali nel sud del Gabon ed ugualmente, naturali o completamente scolpite, pietre similari, entrano nella ritologia di popolazioni del Cross River in Nigeria come gli oggetti naturali raccolti dai Rukuba del centro-nord della Nigeria, per i loro culti d’iniziazione o per gli altari destinati ai riti della terra ( J.C.Muller,1989 ).

I Konso dell’Etiopia utilizzano frammenti di basalto ponendoli accanto a sculture in legno per ornare le loro tombe; pietra e legno a testimonianza della presenza della natura nei riti funerari. Questa popolazione, in pratica l’unica ad avere una significativa tradizione scultorea figurativa, limitandosi gli altri popoli del bacino dell’Omo River a poggiatesta, monili e decorazioni di vario genere, ha dato vita a forme scultoree antropomorfe denominate Waka, statue a figura intera, a volte anche a dimensioni naturali, ma di norma più piccole, poi esposte sulla tomba di notabili o eroi, qualifica quest’ultima che si poteva ottenere per meriti militari o anche per aver ucciso un animale pericoloso. Mirabile e per certi versi stupefacente è stata l’azione del tempo su questo antico oggetto funerario, la cui erosione, pur mantenendo le originarie fattezze antropomorfiche del “guerriero”, ha dato vita ad un’autonoma creazione che esalta l’armonia nascosta delle venature lignee del tronco utilizzato.(v. Tribal Art, #58, 2010).

Ugualmente legata ai riti funerari Bassar del Togo è la piccola figura in fibre di rafia ritorte ed annerite denominata Unil ( la persona umana ). Questa semplice figura di origine vegetale incarna lo spirito di una donna morta e la rappresenta nel corso della cerimonia del suo secondo funerale.

Presso gli Ejagham del Camerun, gli emblemi della società segreta Ekpe sono costituiti da un graticcio in legno e fibre vegetali su cui sono disposti ossa, teschi e pelli di animali sacrificati, elementi vegetali, corde, collane. L’Ekpe raccoglie a diversi livelli iniziatici gli uomini ejagham e svolge funzioni regolatorie e giudiziarie. Un conglomerato di elementi desunti dalla natura destinato simbolicamente a guidare lo spirito delle decisioni attraverso la decifrazione dei segni gelosamente secretati all’interno dell’Ekpe.

Come scrive Le Fur, “ il faudrait plutot ici considérer l’esthétique comme l’ensemble de résonances sensibile naissant au contact de la vie des formes, allié à une communication s’appuyant sur la vue d’objets-signes.Leurs textures, leures couleurs scintillent certes dans chaque aire culturelle mais se reflètent aussi dans chaque intimité. La puissance esthétique vitalise la force latente” ( Y. Le Fur, 1990, pag 37 ).

Un altro esempio, espressione della creatività artistica e dell’abilità esecutiva di un ignoto scultore congolese del Kasai, è uno scettro di divinatore, manufatto di forte potenza evocativa e rimarcabile qualità estetica.(Ancienne collection Carlo Lamote, photographe cinéaste pour la télévision congolaise « Société Congovox » 1966).

Tagli sicuri e decisi ed una sorprendente spontaneità d’esecuzione connotano questo oggetto ligneo lungo 46 centimetri.
Lo scettro è infatti intagliato in un ramo seguendo la forma originaria ed è diviso in tre segmenti; l’impugnatura è nel segmento centrale, come denotano lo spessore consunto del legno e la sua patina più chiara, testimonianze di lungo utilizzo rituale.
Una piccola tasca di pelle animale cucita intorno al ramo è destinata a contenere la carica magica.
Alla sommità dello scettro c’è una figura probabilmente femminile; un lungo serpente con il corpo arrotolato intorno al ramo poggia la testa ad una gamba della figura che si slancia verso l’alto.
Ha il collo allungato e inanellato, la nuca, il dorso ed il ventre sono segnati da profonde scarificazioni a zigzags. Anche l’acconciatura, ornata da una calotta a forma di losanga, è incisa con motivi geometrici.
Le braccia della figura sono ripiegate sul torso, una sulla spalla e l’altra sul ventre.
Due piccoli fori posteriori, infine, sono destinati a contenere la carica magica anale.

La patina bruno-aranciata del legno conserva le spesse tracce scure dei versamenti sacrificali.

L’origine di questo oggetto è di difficile definizione anche se per tanti elementi, scarificazioni, collo allungato e inanellato, forma della testa, acconciatura, la riconducono all’area culturale Kuba-Ndengese.
L’esistenza inoltre di cariche magiche suggerisce che questo oggetto sia stato lo strumento di un divinatore che lo utilizzava in rituali propiziatori o iniziatici.

Natura e cultura si fondono in questo manufatto tra forme naturali del legno, pelle animale e gli elementi rituali: un unicum di forte carica simbolica .
Una “trasformazione alchemica” che riconsegna al divinatore ciò che la natura stessa ha prodotto spontaneamente e l’intervento dell’uomo ha consacrato.

Circa i significati dei simboli proposti dallo scettro si possono soltanto esprimere alcune ipotesi alla luce delle conoscenza attuali.
La posizione delle braccia della figura non è inusuale nell’iconografia Kuba-Ndengese (J. Cornet, 1972, p. 262 e F. Neyt, 1981, pag.177).

In particolare il braccio destro sul ventre potrebbe essere inteso come il gesto che controlla il mambu, cioè “quello che deve essere detto” e l’intensità con la quale esprimerlo (R. F. Thompson, 2002, pag. 67).

Ugualmente sconosciuto è il significato del serpente, congiunto alla figura femminile, che rinvia a contenuti di sincretismo cristiano in un oggetto di ispirazione sciamanico/divinatoria.
Il serpente è forse l’animale più rappresentato nella simbologia di tutti i tempi, antenato mitico, vivificatore, simbolo della cura, animale originario alle sorgenti della vita e della libido, ma anche temuto ed esorcizzato quale ancestrale rappresentazione della sconosciuta energia psichica del profondo (De Martino,1973).
Presso molti popoli della Nigeria e del Congo quali Yoruba,Igbo, Songye, Luba, il serpente per la sua assenza di articolazioni e fluidità di movimento è associato alle origini primordiali, all’acqua, alla pioggia ed è chiamato “arco in cielo”, a rappresentare il legame fra le divinità del cielo e quelle dell’acqua il cui rimando è in ogni caso alla fecondità (R. Mavoungou Pambou, 1997, pag. 95)

Suggestiva poi, è la leggenda narrata da Cornet ( AAN, #17,1976), nella quale una donna Ndengese, Gunji Ilunga, dopo varie vicissitudini, dà vita alla società maschile “Totshi”, caratterizzati da una coiffure denominata emat’eyeye ornata da due appendici assimilabili alle orecchie, il tipico copricapo di rafia finemente intrecciato a motivi geometrici, che rinvia alla forma dell’acconciatura della figura dello scettro con la losanga incisa sul capo.

Gunji Ilunga unica femmina tra tanti maschi. Che sia proprio lei, la testimone di questa storia, quella figura sulla sommità del bastone?

Chissà? Rituali perduti, ormai vestigia di un passato affidato agli immensi spazi dei territori d’Africa.

A noi rimane la bellezza di una forma sinuosa della natura, un semplice ramo divenuto fine oggetto artistico nelle mani dell’abilità creativa di uno sconosciuto scultore della foresta.

Ndengese part.

Pubblicità

Rispondi

Inserisci i tuoi dati qui sotto o clicca su un'icona per effettuare l'accesso:

Logo di WordPress.com

Stai commentando usando il tuo account WordPress.com. Chiudi sessione /  Modifica )

Foto di Facebook

Stai commentando usando il tuo account Facebook. Chiudi sessione /  Modifica )

Connessione a %s...